Huit ans que nous avons intégré le tri des biodéchets de notre poubelle, voici un bref retour d’expérience de cette aventure organique !
Les biodéchets correspondent aux déchets organiques issus de ressources naturelles végétales ou animales. Ils sont constitués principalement des déchets de cuisine (épluchures de légumes et autres restes alimentaires) et des déchets verts du jardin (tailles de haie, tonte de gazon, feuilles mortes…).
Ils composent un tiers de nos poubelles et constituent donc un levier majeur pour réduire nos déchets et le gaspillage de ressources.

En France, “30 % des ménages pratiquent le tri des déchets organiques”, selon Zero Waste France. “25 % par compostage domestique et 5 % par collecte séparée”.
La 1ère étape est bien sûr de réduire les pertes et le gaspillage alimentaire. Pour rappel, ceux-ci représentent 29 kg/an/habitant selon l’ADEME. Sur ce point là, on a encore du travail à mener chez nous. On limite au maximum mais il y a encore une belle marge de progrès….!
Le composteur classique
Il y a huit ans, j’étais bénévole dans l’association DiscoSoupe et j’ai découvert que notre société générait un gaspillage alimentaire monstrueux, tous acteurs confondus. J’ai aussi pris conscience qu’ en tant que citoyen, nous avions des leviers d’actions tant dans la réduction de ce gaspillage que dans la valorisation des biodéchets. Nous avons donc fait l’acquisition d’un 1er composteur basique… de 350l. Celui-ci s’est avéré trop grand et mal géré. J’étais jeune et fougueuse…
Nous jetions exclusivement nos déchets organiques, sans matières carbonée, sans déchets secs et sans mélanger. Alors les matières se décomposaient bien (pourrissaient en fait) mais je n’ai jamais eu de compost. J’ai mis cela sur le compte d’un temps de compostage trop court. En effet, le processus de compostage peut prendre de deux mois à deux ans. Par chance, aucune odeur, aucuns insectes ou nuisibles cette fois-ci.
En déménageant dans une nouvelle maison avec jardin cette fois-ci et dans la mesure où nous n’avons eu aucun problème la 1ère fois (hormis l’absence de production d’un vrai compost), nous avons réitéré l’expérience avec le même composteur. J’avais intégré cette fois-ci qu’il était important de mélanger des déchets verts avec des déchets marrons. Pour réussir son compost, tout est une histoire d’équilibre et de couches alternées entre les matières.
Par contre, le verdict est tombé assez vite. Notre voisin nous a demandé de retirer notre composteur : il attirait les rats qui venaient effectivement festoyer tous les jours au fond de notre jardin. Je n’avais pas prêté attention à la règle impérative de mélanger son compost. pour l’aérer.
Apprentissage 1 : Bien évaluer en amont le volume du composteur adéquat relatif à la taille de notre famille et aux biodéchets que nous produisions
Apprentissage 2 : Se documenter sur les règles simples à respecter pour un bon compostage : diversifier et alterner les matières carbonées et azotées.
Matières carbonées : taille, branches, feuilles mortes, papiers, cartons,… Matières azotées : déchets de cuisine, tontes de gazon, pousses vertes,…
Coût approximatif d’un composteur : 55 euros.
Apprentissage 3 : Remuez régulièrement son compost à l’aide d’une fourche, ce qui assurera d’une part une bonne oxygénation et donc une dégradation rapide des éléments organiques. Cela évitera aux rongeurs de venir roder dans le coin.
Le lombricompostage
Je n’allais pas me laisser démonter par des rats. Hors de question de remettre nos biodéchets dans la poubelle noire. Nous avons alors acquis un lombricoposteur de compétition adaptée à la taille de notre foyer : le Lombricomposteur 3 plateaux City Worms Vert “le plus performant et le plus pratique au monde” selon Verslaterre.

J’ai bien lu la notice, je me suis inscrite sur un groupe d’échanges et de discussions sur facebook (Lombricompostage : Les vers mangent mes déchets !) et j’y suis allée pro-gre-ssi-ve-ment.
Résultat : c’est facile, efficace et parfait pour les couples habitant en appartement.
Côté désagréments, j’ai eu quelques moucherons, j’ai laissé ouvert le robinet ce qui m’a valu quelques débordements de jus de compost – le lombricompost liquide- par terre sur le carrelage (engendrant des engueulades justifiées par mon conjoint….).
Apprentissage 4 : Bien enterrer ou emballer certains déchets comme les épluchures de fruits sucrés dans des sacs en papier
Apprentissage 5 : régulièrement vérifier que le contentant de jus de compost n’est pas plein pour éviter un séance de nettoyage et des disputes conjugales…
Sinon aucune odeur et surtout un compost de compétition qui sent bon et qui est beau. Si, si je vous jure ! Ce n’est pas pour rien qu’on dit que le lombricompost est l’or noir des jardiniers.
l’or noir issu d’un lombricomposteur
Le gros hic cependant : pour récupérer cet or noir, il faut s’assurer que les vers de terre soient restés dans le lombricomposteur. Les miens ont tendance à rester cacher en grand nombre à certains endroits. Ce qui me vaut un exercice de tri consciencieux à chaque fois. Dans la mesure où j’ai horreur de voir un vers de terre – qui font un travail formidable- , cet exercice s’accompagne souvent de cris, de beurk, de dégoût. Rien à faire, après 3 ans, je ne m’habitue pas à ces êtres visqueux tout rouge.
Aujourd’hui, notre famille de 3 personnes consomme énormément de fruits et légumes. Le lombricomposteur est devenu bien trop petit pour absorber et digérer tous nos déchets de cuisine.
Coût approximatif d’un composteur : 55 euros.
Les poules
Notre nouvelle maison possédait un poulailler. On s’est dit pourquoi pas ? En plus, nous aurons des oeufs tout frais chaque jour. Go pour tester !
Deux poules m’ont été offertes pour mon anniversaire prénommées, par mon fils, Kiri et Babybel.
Le timing n’a pas été parfait car nous n’avions pas eu le temps de bien clôturer le poulailler. On a bricolé quelque chose en vitesse qui s’est avéré inefficace car les poules volent et savent voler assez haut en plus. Elles ont donc gambadé dans notre jardin qu’elles ont bien retourné…. en pondant leurs oeufs n’importe où et en prenant le soin de déposer leurs fiantes un peu partout….
Après 5 mois d’un hiver bien humide, nous avons enfin trouvé le temps de nous pencher sur une clôture digne de ce nom. Nous leurs avons dédié environ 20m2 de terrain et un poulailler assez spacieux en pierre.
Elles ont bien pondu au début et se sont arrêtées brusquement durant plusieurs semaines. J’avais lu que durant l’hiver, il était quelques fois normal d’avoir une production réduite (sauf si vous leur donnez une alimentation non bio) mais pas une production stoppée. Je me suis renseignée et il s’avère, tout comme le compost, qu’il est important de varier leur alimentation : déchets de cuisine, gazon, coquilles d’huitres et d’oeufs et mélange de graines (bio de préférence). Les choses sont rentrées dans l’ordre, nous voilà avec 2 oeufs/jour minimum !
Apprentissage 6 : Bien penser à finir votre poulailler avant d’acquérir ou vous faire offrir des poules…. mouhaha
Apprentissage 7 : Enfermer les poules dans le poulailler quelques jours pour qu’elles comprennent où pondre
Au bout d’un certain temps, on est arrivé à un constat : nos poules font les difficiles et ne mangent pas vraiment tous nos déchets de cuisine….Bien que respectant les interdits (aliments toxiques à éviter), beaucoup de déchets organiques restaient intacts.
Du coup, ca puait, c’était le bordel et pour couronner le tout, cela a fait venir des nuisibles.
Anecdote qui nous a moyennement fait rire : lesdits nuisibles se sont gavés de nos biodéchets et ont choisi de loger dans notre voiture… Oui parce que souris, rats et autres rongeurs adorent les câbles électriques, bougies et autres durites… Vous ne saviez pas ? Nous non plus….. Et un matin, la voiture ne démarrait plus. Verdict : 550 euros de réparations non pris en charge par l’assurance évidemment et des pièges installés un peu partout dorénavant (hors de portée des poules et des chats).
Apprentissage 8 : Diversifier l’alimentation des poules et observer ce qu’elles apprécient pour adapter au mieux leurs rations
Apprentissage 9 : Mettre les aliments en hauteur pour les rendre inaccessibles pour les rongeurs
Apprentissage 10 : Veillez à ce qu’il n’y ait aucun déchets organiques par terre trop longtemps et adapter la nourriture donnée à vos poules.
Coût approximatif d’une poule : 5 euros – poulailler, mangeoire et filet à poules : 415 € – 1340 €
Le mix actuel
J’ai gardé le lombricomposteur parce que sincèrement, le compost produit est vraiment de qualité. En plus, il permet de facilement expliquer et montrer à son enfant l’importance des vers de terre et le travail formidable qu’ils font.
J’ai adapté l’alimentation de mes poules en réduisant l’apport de déchets de cuisine. Je suis assez déçue par l’expérience des poules finalement. On m’avait vraiment vendu cette solution comme celle qui était la plus efficace et je me rends compte que niveau valorisation des déchets organiques, c’est la moins probante pour moi. L’approvisionnement en oeufs frais quotidien et la sensibilisation de mon fils à la biodiversité contrebalancent heureusement le travail de nettoyage hebdomadaire.
Coincidence heureuse, ma commune, le Centre Morbihan Communauté, a lancé une nouvelle campagne de mise à disposition d’un composteur “Compostys “que j’ai installé ce week-end. Renseignez auprès de votre commune ou votre mairie, ils ont peut-être aussi ce genre de programme. Ce composteur va me permettre d’y mettre mes déchets de cuisine, les cartons ou sacs en papier que nous avons en stock et les feuilles que je n’ai pas utilisées en paillage notamment.
Niveau organisation en cuisine :
J’ai deux grands bols, l’un destiné aux poules, l’autres au composteur. Je les vide tous les jours ou presque. Une fois par semaine environ, je prévois un petit bol pour le lombricomposteur. Cela ne prend pas tant de place et il s’agit juste d’être au clair sur ce qu’il faut y mettre ou pas. Tout est une question d’habitude .
En bref
Rien ne se jette, tout se transforme et se valorise pour les biodéchets ! Cela demande de la patience, un peu d’organisation et d’apprentissage simplement.
- le lombricompsteur produit du compost et du jus de compost destinés au potager et aux plantes d”intérieur ;
- le composteur produit du compost en grande quantité destiné au potager;
- les poules produisent des oeufs délicieux pour nos gâteaux et cakes et des fiantes pour le potager.
Nous poubelles sont réduites, le potager et les plantes vertes se portent bien et nous nous régalons avec les bons oeufs frais. Que demandez de plus ?

Vous souhaitez en savoir plus ?
- Pour encourager le développement du tri des biodéchets, Zero Waste France a rassemblé sur le site Biodechets.org des informations, ressources, références réglementaires et initiatives inspirantes.
- Vous trouverez aussi pas mal d’informations sur le guide de l’ADEME : le compostage et le paillage.